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Histoire médiologique de l’humanité, des origines à nos jours

Homo Creator

par Paul Soriano

Publié le : 17 mai 2021. Modifié le : 25 août 2024

Comprendre le devenir-monde des signes… le devenir-forces matérielles des formes symboliques. (Régis Debray).

Au départ, une créature plutôt mal équipée, un singe nu qui doit s’habiller ; mais, du coup, il se pare et va bientôt se coiffer d’un « couvre-chef » fabriqué par ses soins, l’appeler « couronne » et nommer « roi » celui qui la porte. Il invente du même coup la « politique » pour compenser son manque d’instincts sociaux...

Car la créature ne se contente pas d’émettre des sons pour exprimer ses sentiments, elle parle : homo loquens met des « signes » à la place des choses du monde, des « objets » que fabrique homo faber, et des « personnages » qu’il institue : roi, prêtre, guerrier, etc. sont des êtres hybrides, réels (en chair et en os) mais « symboliques » ; on rencontre même des êtres purement imaginaires telle Madame Bovary…

Mais surtout, Homo Creator se crée lui-même : self made man. Un animal quelconque devient ainsi un « je », un « sujet conscient de soi » doté d’une biographie ; réunis, ils forment des « peuples » et des « nations », dotés d’une histoire, et tendent furieusement à s’affronter…

Créateur de soi, Homo creator entend s’affranchir de tout ce qu’il n’a pas créé lui-même : d’où la technologie (l’idéologie de la technique), la philosophie « idéaliste » (le monde n’est que ma volonté et ma représentation), l’art pour l’art et pour finir, le « monde virtuel »… Il ira jusqu’à nier Deus Creator, pire, en faire sa créature ; pas étonnant que Dieu s’en soit offusqué…

Dieu ou la Nature ? Dans ce monde humain peuplé de machines dévoreuses d’énergie, les « ressources naturelles » viennent à manquer. Elles sont pourtant de plus en plus intelligentes, ces machines ; si bien que le Verbe créateur, affranchi de tout référent réel (des signes à la place des choses), le cède au Code, au langage-machine

En résumé : une créature se prend pour un créateur et se trouve à la fin supplantée à son tour par sa propre créature : Dieu est mort, dit l’homme ; l’homme est mort, dit la machine.

La colère de Dieu



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