Sommaire
Le terrorisme et l’espoir
par André Malraux
Nos plus vifs remerciements à Florence Malraux pour nous avoir autorisés à reproduire ce très éclairant entretien d’André Malraux avec Jean Daniel. Quoique datant de 1958, il nous semble irréductible à un plaidoyer pro domo et digne, par ses prémonitions, d’une seconde jeunesse, dans l’affrontement en cours des civilisations occidentale et islamique.
Vérité médiatique, erreur historique : Sartre
par Jacques Lecarme
L’époque n’aime pas admirer. Et place sa joie dans le déboulonnage des statues. À preuve, le centenaire de la naissance de Sartre, où l’on a vu refleurir, au petit écran, à travers revues et journaux, le bobard d’un Sartre antisémite, et pourquoi pas, vaguement collabo. Jacques Lecarme, qui a le premier, documents à l’appui, démonté la calomnie, met à jour le jeu des intérêts idéologiques consciemment ou inconsciemment à l’œuvre dans ce genre de rumeurs.
Le sacré, une force quantifiable ?
par Albert Assaraf
L’affaire des caricatures de Mahomet repose à grands frais humains la question du sacré. Ce terme caractèrisa tout signe qui, dans une société donnée, a fonction ligative ou force de conjonction. Or il y a différentes échelles de force, qui varient dans l’espace et le temps. Le désajustement entre deux modes de liaison sociale, à l’instant t, produit ce qu’on appelle un choc de civilisations. Voir le journal de ce matin.
Tradition et traduction : la modernité japonaise
par Nobutaka Miura
Quel a été le rôle de l’Occident dans le réveil du Japon féodal ? Par quel système de transmission s’est-il inscrit dans la modernité ? Quelle place revient à l’emprunt et au transport dans la métamorphose du Japon ?
La vaporisation de la valeur
par Paul Soriano
Comme le savoir et la langue elle-même, la finance semble avoir fait sienne la fluidité communicationnelle. La nouvelle monnaie électronique poussant à son comble la dématérialisation de l’argent, « la société de l’accès » informatique, universel et instantané, nous fait en réalité entrer dans l’au-delà du liquide : le gazeux. Jusqu’où peut aller cette victoire du flux immatériel sur les anciennes valeurs de stock ?
Un véhicule littéraire : le tramway
par Wolfram Nitsch
Le préhistorien Leroi-Gourhan a montré comment les techniques, extensions indispensables d’un corps humain mal équipé, permettent d’extérioriser nos activités physiques et cérébrales. C’est le cas des instruments de locomotion. Dépassant largement leur fonction première, ils accroissent la mobilité de l’homme, mais par là même stimulent ses émotions et modifient sa vision du monde. Nombre d’écrivains ont saisi cette affinité profonde entre moyens de transport et moyens de communication. En particulier Claude Simon qui, au-delà des tracteurs et des trains qu’il affectionnait, a consacré un roman au tramway.
Un gaullisme intransmissible
par Bruno Lavillatte
La vox clamans in deserto passionne l’acousticien des idées. L’étude des faits de transmission a toujours fait son miel des expériences d’échec : religions avortées, théories sans clients, paroles sans reprises. C’est un fait regrettable mais évident que le « gaullisme de gauche » est à compter parmi les propositions politiques sans postérité notoire. Pourquoi ce mouvement d’idées n’a-t-il finalement pas pu prendre corps ?
Du rite comme œuvre : l’art contemporain
par Michèle Fellous
Sous la très abondante rubrique « effet-jogging », n’oublions pas le devenir de l’art contemporain. Dans l’histoire longue des images faites de main d’homme, qui commence pour nous au paléolithique, le rite magico-religieux a dominé et précédé l’œuvre plastique. Et voilà que cette histoire, en bout de trajectoire, semble devoir, sous le nom de performance, introniser un retour d’archaïsme, une nouvelle et peut-être réjouissante métamorphose des rituels perdus.
Vitalité du théâtre anglais
par Nicole Boireau
Le théâtre se porte assez bien au pays de Shakespeare. Mieux qu’en France ? Si juger, en art, c’est comparer, rien de plus opportun qu’un parallèle entre les prestiges et la popularité de l’écriture dramatique en Grande-Bretagne et leur équivalent dans l’hexagone. Une leçon de réalisme, voire d’humilité.
Un contretemps nommé Mozart
par Régis Debray
À l’initiative de Gérard Mortier, directeur de l’Opéra de Paris, s’est tenu à l’amphithéâtre Bastille un colloque Mozart (11 février 2006), avec la participation remarquable d’historiens et de philosophes français et allemands. Le texte qui suit, dont on voudra bien excuser certains laisser-aller ou parti pris, reprend notre intervention dans le cadre de cette journée.
Bonjour l’ancêtre
Guère fréquentable et peu fréquenté, cet homme de peu, sans rang ni sang, cumule les handicaps : bibliothécaire obscur, libertin érudit, fidèle de Mazarin, défenseur scandaleux de la raison d’État. À quels titres inscrire ce soutier besogneux dans notre arbre généalogique ?
Gabriel Naudé, l’inconnu de la Mazarine (1600-1653)
par Robert Damien
Cinq entrées dans l’œuvre de Philippe Hurteau
par Louise Merzeau
Salut l’artiste
Cinq entrées dans l’œuvre de Philippe Hurteau
par Louise Merzeau.
À l’heure où la plupart des images transitent par des écrans, peindre est plus que jamais un acte de résistance. Mais là où de nombreux peintres méprisent les objets visuels ambiants et se retranchent dans l’abstraction, Philippe Hurteau choisit au contraire de regarder cette nouvelle visibilité en face. Son objectif : interroger ce qui reste du regard, quand celui-ci s’élabore à travers des flux d’électrons.
Un concept
L’origine
par Régis Debray
Travail ardu, asymptotique, peut-être inachevable, à remettre chaque jour sur le métier. Il n’en demeure pas moins que l’archétype aux mille retours et détours de l’Origine ne cadre pas, en rigueur, avec la grille de lecture du médiologue.
Symptômes
Cayenne, par Pierre d’Huy
Quid de la poésie ? par Alain Moreau
Berlusconi, la marche du « cavaliere », par Daniel Bougnoux
Le virus image, par Christian-Marc Bosséno
Emballer la mécanique, par Daniel Bougnoux