De l’auteur du Libertinage au chanteur lyrique des poèmes à Elsa, du romancier qui fixa dans Les Cloches de Bâle ou Aurélien d’inoubliables amours jusqu’au vieillard homosexuel de Théâtre-roman, quels usages de l’amour propose Aragon, et que nous apprend-il d’essentiel sur le nouage érotico-politique ?
Aimer, dans toutes les acceptions de ce verbe, apparaît comme la condition d’institution du sujet, mais cette fondation le complique en le jetant hors de lui, en le faisant dépendre et en lui rappelant sa foncière incomplétude, son irréparable inachèvement. Pour son bonheur ou son pire malheur, le sujet amoureux est ouvert, et il cherche : « Ce que nous cherchons est tout. » Cette quête de l’infini ou du sublime, particulièrement frénétique dans les textes des années 20, enlace étroitement éros avec thanatos dans la mesure – la démesure – où un désir ainsi orienté ou fixé ne peut que détruire son objet, ou son sujet, qui ne sont jamais « tout ». On devine que la « correction » réaliste, l’amour monogame d’Elsa autant que l’intransigeante adhésion d’Aragon à un PCF auquel il restera fidèle jusqu’à sa mort (1982), opposés comme une digue au délire précédent, n’auront pas vraiment calmé le jeu. (...).
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Médium 20-21 « Nous » (juillet-décembre 2009)
Nous : la cellule amoureuse
Aragon
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Publié le : 13 avril 2017.
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