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Cahiers de médiologie

Pouvoirs du papier

Cahier n° 4, 2e semestre 1997, coordonné par Pierre-Marc de Biasi et Marc Guillaume

par La Rédaction

Publié le : 11 janvier 2024. Modifié le : 23 juin 2024

En 1983, la revue Traverses avait consacré au papier un numéro spécial qui explorait la question sous divers aspects, avec le parti pris de curiosité thématique qui a fait le succès mérité de cette revue. Quelques-uns des auteurs qui avaient participé à ce dossier se retrouvent aujourd’hui au sommaire des Cahiers de médiologie, et ce n’est pas un hasard si Marc Guillaume, qui pilotait le numéro de Traverses, co-dirige aujourd’hui cette nouvelle enquête avec Pierre-Marc de Biasi.

Comme le démontre aussi la collaboration d’Huguette Le Bot, qui présidait aux destinées de Traverses, ce numéro “Pouvoirs du papier” s’inscrit dans le prolongement d’une recherche déjà engagée qu’il s’agissait de poursuivre et d’actualiser. En quinze ans, la question du papier s’est profondément renouvelée : les découvertes archéologiques en Chine ont largement modifié notre connaissance de ses origines ; les nouvelles technologies de l’écriture et de la communication, naissantes au début des années 1980, se sont généralisés et imposées au point de remettre en cause, pour la première fois dans l’histoire, le rôle du papier comme support du texte et de l’image fixe ; l’avenir des archives et la question cruciale des papiers acides se sont traduits par une prise de conscience qui a transformé notre vision du patrimoine écrit ; la progression vertigineuse de la production papetière, sa mondialisation et la définition de nouveaux équilibres géopolitiques se sont traduits par une redéfinition à la fois économique et sociale qui fait du papier un des enjeux majeurs du monde industriel contemporain. Bref, le papier a changé de signification : il ne s’agit plus exactement du même objet, ni du même regard porté sur cet objet. À la perspective thématique qui prévalait dans le numéro de Traverses, se substitue ici une approche médiologique qui cherche à comprendre le papier comme élément médiateur de la culture. Vecteur fondamental de la communicationécrite et de la transmission des idées, le papier constitue le support même de la graphosphère occidentale moderne. La question n’est plus “qu’est-ce que le papier ?” ni “sous quelles formes se décline-t-il ?”, mais celle de ses fonctions de médiation dans l’histoire des idées et des sociétés, à cette frontière mobile où s’exerce l’interaction incessante des mots, des images et des choses : en quoi et comment le papier est-il médiateur de mémoire, de savoir, d’art, de croyance et de pouvoir ?



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