La contrefaçon est un délit de reproduction illicite sanctionné par le Code de la propriété intellectuelle ; elle est la version juridiquement condamnable du plagiat, qui se tient quant à lui dans une zone d’ombre où les frontières manquent de netteté, entre recopiage et création. Le plagiaire s’emploie à faire passer un recopiage pour un emprunt créatif, pour une influence sublimée ou pour un hommage complice. Il joue sur les limites et les effets de perspectives. Le plagiaire habile pille, mais subtilement : le grain, mais pas la botte. Il détrousse, mais discrètement. Il est, pour le médiologue, un objet d’étude privilégié, puisqu’il assure une transmission de patrimoine de nature toute paradoxale : la transmission est niée en tant que telle puisque le transmetteur se pose lui-même en créateur ; et on peut se demander en quoi une telle pratique d’écriture est susceptible d’affecter le champ culturel dans lequel elle s’inscrit. Pour plagier une expression de Régis Debray dans Manifestes médiologiques, c’est le devenir-Imposture du plagiat qui mérite notre attention, car si le plagiat comme mode d’écriture contribue à la prolifération d’un monde de faux-semblants, c’est peut-être ce monde-là qui constitue notre mode d’être.
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Médium 32-33 « Copies, mode d’emploi » (juillet-décembre 2012)
Techniques du plagiat
par et
Publié le : 13 avril 2012.
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