Pour le médiologue, la mémoire n’est pas le produit d’une faculté neurologique, mais celui d’une compétence médiologique, au croisement du politique (traditions, commémorations, institutions) et de la technique (systèmes d’inscription, archives et aide-mémoire). Ressort et finalité de toute transmission, la mémoire est aussi au cœur de la « révolution » numérique, dont l’enjeu majeur n’est plus celui de la communication mais bien de l’agrégation de nos traces.
C’est du reste l’outillage mnémotechnique qui permet d’identifier des médiasphères, c’est-à-dire des milieux de transmission émanant d’un même système d’organisation des traces.
Rien d’étonnant alors, si le temps lui-même, et l’histoire, sont à ce point façonnés par nos modes d’enregistrement (inscription, mise en ordre, sélection, anticipation) des traces, et la manière dont nous y accédons.