La médiologie éclaire les attaches mal élucidées entre nos équipements ou médiations techniques d’un côté et nos performances symboliques de l’autre. En découvrant ce que font nos outils successifs aux formes de l’esprit, elle met à mal du même coup les permanences ou les substances supposées stables : si tout dépend toujours, à quelque degré, d’un facteur technique plus ou moins caché, et si ces techniques sont par excellence le marqueur de l’Histoire, alors il faut admettre que nos points fixes sont eux-mêmes mouvants.
Surgit alors une question de fond : qu’est-ce qui demeure sous ou par-delà ce qui change ?
Les nouveaux outils du numérique atterrissent dans des contextes et des savoirs qui auparavant s’en passaient. Comment l’ancien et le nouveau négocient-ils leurs avantages ou leurs prestiges.
Ce n’est pas le moindre intérêt d’une époque de bouleversements techniques sans précédent (la nôtre) que de révéler, par contraste, tout ce qui insiste, résiste et persiste. Les invariants se décèlent par le biais des variations, et c’est quand « tout bouge » qu’affleure à la vue ce qui ne bouge pas, ou pas au même rythme.
– Médium 35, Ruptures techniques et continuité culturelle.
– Médium 29, Réseaux : après l’utopie.
– Médium 10, Le numérique en toutes lettres.
– Cahiers de médiologie n° 10, Lux, des Lumières aux lumières.
– Cahiers de médiologie n° 4, Pouvoirs du papier.