Claude Lévi-Strauss
« Je hais les voyages et les explorateurs » : les oraisons funèbres qui nous ont sériné ce passe-partout, ont rendu le leitmotiv haïssable. C’est le danger des incipit quand l’humour est au troisième degré : le brio brouille la vue et permet les paresses. Ceux qui se sont donné la peine de lire Tristes Tropiques jusqu’au bout, en faisant avec l’auteur le tour de la terre, du Brésil au Pakistan, de Manhattan à Calcutta, restent reconnaissants à Claude Lévi-Strauss, tout homme de cabinet qu’il ait été, d’avoir beaucoup voyagé et beaucoup exploré.
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Le livre : du lutrin à la vitrine
par Thierry Grillet
Au moment où la lecture publique et les pratiques lettrées encaissent l’effet de souffle de la progression explosive du Web, d’autres médiations se cherchent pour introduire au patrimoine écrit. Et montrer à travers quelles incarnations la société du livre s’est affirmée et parfois interrogée… Avec l’espoir d’atténuer la fracture culturelle qui menace, à sa manière, l’édifice de la transmission…
La perceuse et la girouette
par Pascal Krajewski
Technique et technologie sont des mots qu’on emploie l’un pour l’autre. À tort selon nous : une perceuse électrique n’est pas technologique. C’est un objet technique. Il y a là plus qu’une question de vocabulaire.
Religions : la bombe diasporique
par Régis Debray
Chacun sait qu’entre le rejet du et le retour au, ce que nous appelons « religieux » est pourri d’ambivalence, et qu’à toute grille d’analyse on peut en opposer valablement une autre de sens contraire. Mais pour stimuler la réflexion quelques impertinences ne sont jamais de trop. Je poserai donc imprudemment, et de façon unilatérale, quatre questions. L’Europe, fenêtre sur l’avenir du globe ou bien œillère pour ne pas le voir ? Le tout-monde, comme dit Édouard Glissant, sera-t-il créole ou bien tribal ? La condition diasporique engendre-t-elle une dilution ou un durcissement des identités collectives ? Notre « postmodernité » appelle-t-elle une évanescence ou une résurrection des archaïsmes fondateurs ?
Des caméras dans le prétoire ?
par Arnaud Lucien
Le médiologue se demande ce que leurs outils font à ceux qui s’en servent. D’où la question : si le principe de la publicité des débats judiciaires devait un jour se traduire par leur médiatisation, à quel effet retour faut-il s’attendre ?
Quatre mariages pour un enterrementv
par Daniel Bougnoux
Il arrive un âge où chacun peut dire, comme chante Brassens, J’ai vu se marier / Toutes sortes de gens. Et aussi enterrer. Évidentes manifestations de notre incomplétude, ces deux institutions symboliques rythment nos existences : nous sommes des êtres pour l’amour autant que pour la mort. Or, forcé d’assister bon an mal an à plusieurs manifestations de l’une et l’autre cérémonies, j’aboutis à ce constat paradoxal : je supporte mal les mariages, j’adore les enterrements. Pourquoi ?
Aragon le fidèle
par Hervé Bismuth
La question de l’engagement dans la durée se pose en termes de fidélité, notion paradoxale dès lors qu’elle doit s’affronter aux variations et renversements de l’histoire. La rencontre entre Aragon et les étudiants de Mai 68 fut, de ce point de vue, à la fois l’occasion d’un procès pour traîtrise et une leçon sur ce qu’est et ce qu’implique l’engagement politique.
Écrire sous Staline
par Jacques Lecarme
Les illusions collectives ont un fidèle soutien, l’intellectuel, et un grand ennemi, le romancier. Le premier entretient l’imagerie, le second la brise. Exemples : Boris Pasternak et Robert Littell.
Le retour des sorciers
par Michel Leroux
Les remontées de l’irrationnel en milieu scolaire méritent attention. Le succès d’Harry Potter et de Dan Brown – croisement de l’entertainment avec le business – témoigne d’un effet jogging amusant mais parfois inquiétant.
Salut l’artiste
Michael Rakowitz, L’ennemi invisible ne devrait pas exister
par Nicola Setari
L’ennemi invisible ne devrait pas exister a été présenté pour la première fois à New York en janvier 20071. Comme Michael Rakowitz le révèle dans une entrevue2, l’idée de ce projet lui est venue au cours d’une visite au Musée de Pergame, à Berlin, où il avait été captivé par la porte monumentale d’Ishtar, déterrée à Bagdad entre 1902 et 1914.
Bonjour l’ancêtre
Le paradoxe Balzac
par Pierre Chédeville
S’attarder sur les stéréotypes du libraire, du patron de presse, de l’homme d’affaires, tous véreux jusqu’à la caricature, pour dessiner en creux une critique radicale de notre société, est une peine que l’on épargnera au lecteur. La cupidité mène le monde ? Dura lex, sed lex, et nous risquerions, à nous attarder, de noircir cette page de poncifs. Endossons donc plutôt l’habit du médiologue, en laissant au placard celui du sociologue.
Un objet
Balles et ballons, modeste contribution à une ludographie culturelle
par Robert Damien
On juge un être à sa position dans les alternatives majeures : êtes-vous bain ou douche, rasoir ou barbe, slip ou caleçon, baskets ou souliers, chien ou chat, maison ou immeuble, vélo ou mobylette, voitures ou transports en commun, etc. ? Il en est de même avec un autre dilemme névralgique : êtes-vous un enfant de la balle ou du ballon ?
Symptômes
Le roi Roger, par Philippe Morier-Genoud
Plateformes, par Christian Cavaillé
Notre francophonie, par François-Joseph Lapointe
Scribouille, par Pierre Murat
Changer de ligne, changer de corps, par Daniel Faivre
Internet nid de samizdats, par Antoine Perraud